En raison du changement de logiciel métier, la consultation du catalogue et du compte lecteur ainsi que les demandes de réservations (professionnels et usagers) sont suspendues jusqu'au 8 novembre. => Merci de ne plus l'utiliser, vos demandes ne seront plus prises en compte
L'écrivain évoque l'histoire de la rédaction d'un texte marquant l'acte de naissance d'une langue romaine rustique, distincte du latin et préfigurant la langue française : les Serments de Strasbourg, prononcés en février 842 par Charles le Chauve et Louis le Germanique, connus grâce au chroniqueur Nithard, tous trois étant les petits-fils de Charlemagne. Electre 2016
Pascal Quignard naît le 23 avril 1948 à Verneuil-sur-Avre[1],[2]. Il fait des études de philosophie à l'université de Nanterre sous la direction d'Emmanuel Levinas. Son premier livre est un essai, consacré à Leopold von Sacher-Masoch (L'Être du balbutiement), qui lui vaut d'être remarqué par Louis-René des Forêts chez Gallimard. Ce dernier l'invite à collaborer à la revue L'Éphémère, qui rassemble notamment Yves Bonnefoy, André du Bouchet, ou encore Philippe Jaccottet, Michel Leiris.
Publié en 1969 au Mercure de France, Quignard devient parallèlement lecteur dans cette maison, et chez Gallimard, où il entre au comité de lecture en 1976. Il publie plusieurs essais, sur Maurice Scève, Lycophron et Michel Deguy, un récit en 1976, Le Lecteur, considéré par certains comme largement inspiré de la pensée de Maurice Blanchot, puis un premier roman, Carus, qui reçoit le prix des Critiques en 1980.
Il publie alors, parallèlement à son œuvre chez Gallimard, divers textes pour de petits éditeurs, comme Le Collet de Buffle, Orange Export Ltd, Clivages, Éditions de l'Amitié, Claude Blaizot, Chandeigne, Patrice Trigano, puis chez des éditeurs plus importants comme Fata Morgana, P.O.L ou Flohic, par exemple.
Gallimard publie deux romans qui le font connaître du grand public : Le Salon du Wurtenberg en 1986 et Les Escaliers de Chambord en 1989. Il devient alors secrétaire général pour le développement éditorial chez Gallimard.
La publication des huit volumes des Petits Traités aux éditions Maeght en 1990, réédités dans la collection Folio en 1991, dévoile l'étendue de ses lectures et semble consacrer son abandon à la littérature seule. Cette même année, il écrit le roman Tous les matins du monde, vite adapté au cinéma par Alain Corneau avec Jean-Pierre Marielle et Guillaume Depardieu, et dont il cosigne le scénario. Cette œuvre assoit la réputation de Quignard comme un des auteurs importants de l'époque. Elle suscite en outre l'attrait du public pour la musique de Marin Marais et celle de Sainte-Colombe.
Ce lien entre musique et littérature est aussi très palpable dans les fonctions de Quignard, qui est président du Festival international d’opéra et de théâtre baroques au château de Versailles, qu’il a créé sous la houlette de François Mitterrand. Il préside également Le Concert des Nations aux côtés de Jordi Savall entre 1990 et 1993.
L'année 1994 se révèle d'une fécondité littéraire exceptionnelle, et voit paraître Le Sexe et l'effroi qui marque une rupture dans la vie et l'œuvre de Quignard. L'écrivain renonce brutalement à toute position dans l’édition. Il démissionne de ses fonctions éditoriales, puis abandonne toute carrière musicale. Il se consacre exclusivement à la littérature.
À la suite d'un accident cardiaque, Quignard est hospitalisé d'urgence en 1997. Cette expérience lui inspire Vie secrète, qui mêle la fiction, la théorie, le rêve, le conte, le journal intime, le roman, la poésie, le traité, l'essai, le fragment, l'aphorisme. Cette nouvelle forme littéraire, héritée à la fois des Tablettes de buis…, des Petits traités, de Rhétorique spéculative, oriente alors de manière décisive son œuvre (« en moi tous les genres sont tombés », dit-il).
Il écrit encore des romans (Terrasse à Rome, qui reçoit le Grand prix du roman de l'Académie française en 2000, Villa Amalia en 2006), mais il déclare avec insistance ne plus vouloir écrire guère que les différents volumes (peut-être vingt ou trente) de Dernier royaume, qui regroupe, recense, résume et recoupe tous les thèmes de son œuvre. Les trois premiers volumes sont publiés en 2002, deux autres suivent en 2005. Le premier volume reçoit le prix Goncourt, associé aux deux autres, après d'âpres discussions ; sa récompense suscite la colère de quelques membres de l'académie[3] et des réactions variées[4].
En 2005-2006, les Éditions Galilée rééditent l'ensemble des textes rares ou introuvables de son œuvre, dans leur version revue, augmentée et définitive, agrémentée de quelques inédits. Villa Amalia, son dernier roman, met en scène un personnage habité par le vœu de tout quitter, de ne plus être soi et d'aller se découvrir ailleurs. C'est aussi un retour à la musique, après la Haine de la musique[5]. Benoît Jacquot adaptera le roman au cinéma sous le même titre de Villa Amalia. Elles ont aussi publié un essai sur Georges de La Tour, déjà publié aux éditions Flohic en 1991.
La problématique actuelle de Pascal Quignard, depuis qu'il a entamé le cycle nommé Le Dernier Royaume, tourne autour du passé lointain et figé (le Jadis), du passé en mouvement (le sien propre et récent), du conte, du langage (précaire) : « Dire que nous sommes des êtres de langage, comme le fait la société, est profondément faux. […] Nous ne sommes pas des êtres parlants, nous le devenons. Le langage est un acquis précaire, qui n'est ni à l'origine ni même à la fin car souvent la parole erre et se perd avant même que la vie cesse. »
La permanence des thèmes, leur éventuel ressassement, rendent difficile le découpage de frontières entre genres chez Quignard. Parmi ces thèmes, on peut mentionner: le silence, la lecture, la mort, la fascination ou sidération, l'évocation d'une forme particulière de scène primitive liée à la sexualité; ou encore la figure du jadis[8]
Pascal Quignard, au micro d'Alain Veinstein lors de l'émission Surpris par la nuit diffusée le 15 octobre 2007 sur France Culture ; Daniel S. Larangé attire l'attention sur la dimension mystique de cette œuvre en fragmentation, déterminant alors les liens qui la relient à la mystique rhénane revue au prisme de la philosophie de l'altérité. En effet le style de l'écrivain se démarque par toute une réflexion sur le morcellement et l'atomisation des êtres et de la langue, aboutissant ainsi à une "théosigie", au silence de Dieu[9].
Les spécialistes de l’œuvre de Pascal Quignard dont Chantal Lapeyre Desmaison et Agnès Cousin de Ravel ainsi que le Groupe de Recherche Identités et Cultures (GRIC) ont organisé du 29 au 30 avril 2013 un colloque international intitulé « Les lieux de Pascal Quignard » à l'Université du Havre. Le colloque a travaillé sur l’importance des lieux physiques et mentaux chez l’écrivain. En juillet 2014, le colloque de Cerisy (sous la direction de Mireille Calle-Gruber, Irène Fenoglio et Jonathan Degenève) lui a été consacré.
Son style et ses thèmes sont si particuliers qu'ils en sont pastichables. Laurent Nunez, dans son roman "Les Récidivistes" (Payot, 2014), a ainsi composé une centaine de pages "quignardiennes" sur le mythe de Kronos.
Le 15 février 2015, Ginette de Larochardière et Scolastique Schwartz ont organisé un colloque en l'Université de Caen sur la figure des animaux chez Pascal Quignard. Elles ont notamment détaillé le rôle prépondérant que joue le chien dans son œuvre, en rapport avec l'étymologie proposée du nom "Quignard". Une vive altercation eut lieu entre Ginette de Larochardière et Armance Barateau à propos de la question de la conceptualisation des tourterelles dans Les tablettes de buis.
Cette œuvre, toujours en cours, développe les réflexions de l’auteur sur ses thèmes privilégiés. Tous les genres se succèdent dans les très nombreux chapitres, contes, notes, listes, essais, fragments de romans, journal, etc.
Voir le site pascal-quignard.fr pour la biographie, la bibliographie, les performances et les traductions des livres de Pascal Quignard.
128 pages, sous couverture illustrée, 108 x 178 mmAchevé d'imprimer : 15-10-2002 «Pourquoi les femmes ont-elles si peu composé de musique ? Les femmes naissent et meurent dans un soprano qui paraît indestructible. Leur voix est un règne. Les hommes perdent leur voix d'enfant. À treize ans, ils s'enrouent, chevrotent, bêlent. Les hommes sont ces êtres dont la voix casse - des espèces de chants à deux voix. On peut les définir, à partir de la puberté : humains qu'une voix a quittés comme une mue. En eux l'enfance, le non-langage, [...] le chant des émotions premières, c'est la robe d'un serpent.Alors ou bien les hommes, comme ils tranchent les bourses testiculaires, tranchent la mue. C'est la voix à jamais infantile. Ce sont les castrats. Ou bien les hommes composent avec la voix perdue. On les appelle les compositeurs. Ils recomposent autant qu'ils le peuvent un territoire sonore qui ne mue pas, immuable. Ou encore ils suppléent à l'aide d'instruments les défaillances et l'abandon ou l'aggravement de leur voix les a plongés. Ils regagnent de la sorte les registres aigus, à la fois puérils et maternels, de l'émotion naissante, de la patrie sonore. Ils s'en font virtuoses.»Pascal Quignard.